dimanche, janvier 29, 2012

La critique du vin et la crise

Edito intéressant lu sur Vitisphere aujourd'hui à propos "Des bloggeurs et des journalistes" qui se lamente sur la crise de la presse du vin et la disparition de l'art de la critique (à cause de l'Internet bien entendu). Résultat - le consommateur est perdu et il achète moins.

Mais s'agit-il du fait qu'il y a plus d'information que jamais disponible sur internet ? Ou trop de choix chez les marchands de vin ? Ou la crise économique ? Ou le vieillissement de la population ? Puisque les éditorials ne sont jamais encombré par les faits, comment répondre ?

L'éditeur a absolument raison qu'il nous faut des experts du vin dignes de confiance. Mais ils existent déjà et ce sont eux qui ont l'influence véritable sur le marché. Le fait que presque tous les grands journaux ont des rubriques sur le vin est une chose positive pour le marché. D'un part c'est l'évidence de la démocratisation mondiale du vin et d'autre part, pour les grands vins, de l'ascension à la gloire.

Quant au manque de moyens pour les journalistes, la crise de la presse se répand à cause de cette nouvelle mentalité émanant du monde informatique qui dit que tout information sur Internet doit être gratuit. C'est malsaine et on ne doit pas accepter ce modèle qui tu l'emploi et nous tire vers le bas.

Je ne dirais pas que les bloggeurs non-professionnels ont la moindre influence sur le marché du vin. La blogosphère d'oenophiles n'est qu'une communauté des passionnés du vin qui partagent leurs découvertes comme les amis le font dans la vrai vie sur une myriade de produits. Point.

Qu'en pensez-vous ?


dimanche, février 21, 2010

Une soirée olympique

Alors, les Jeux olympiques sont à mi-chemin et la foule au centre ville de Vancouver continue à s'agrandir. Les piétons ont besoin d'une certaine dextérité pour naviguer le trottoir sans incident et beaucoup de patience. Parfois, il faut y échapper donc j'ai trouvé un refuge dans le bureau d'une copine hier soir et c'était un beau perchoir pour regarder ce qui se passe sans y être très engagée. J'ai pris cette photo depuis son bureau.

Hier après-midi en attendant des amis qui venaient de l'autre côté de la ville, j'ai goûté un bon rosé bio provenant du sud de la vallée Okanagan en Columbie Brittanique - le Vaïla Pinot Noir Rosé de Le Vieux Pin Winery. Les vins de ce vignoble ont été introduits au Canada en 2005.

Le Vaïla rosé est élaboré en acier selon la méthode de la saignée. Une robe plutôt cramoisi claire, un nez de fraises et une bouche de pamplemousse rose et d'épices. Le vin est bien sec et a une acidité agréable. Une réussite.

On espère une telle réussite de notre équipe de hockey contre les États-Unis cet après-midi.

lundi, février 15, 2010

Trois médailles d'or mais il ne reste plus de thon rouge!

Bravo à Alexandre Bilodeau, Vincent Jay et Jason Lamy-Chappuis - les vainqueurs du troisième jour de compétition à Vancouver. On doit aussi féliciter l'équipe de BMW Oracle qui ont remporté la 33ème America's Cup hier à Valence.

Quel meilleur endroit pour marquer l'occasion de ces exploits sportifs et de prendre un déjeuner tardif que Market, notre resto Jean-Georges du coin. Un verre de Brut Crémant d’Alsace de Lucien Albrecht me semblait digne de l'occasion.

Le teint de ce vin des cépages Pinot Auxerrois et Pinot Blanc et plutôt pale, on dirait d'or argenté. Les bulles sont fines, le vin est très vif en bouche et bien rafraîchissant. Une fontaine de jouvance.

J'ai commandé un tartare de thon mais il n'y avait plus de thon rouge. Si le chef chez Jean-Georges ne pouvait procurer du thon le jour de Saint Valentin où il attendait 200 personnes pour le dîner, on allait tous mourir de faim. Les chers touristes avaient mangé toutes les délices des eaux Pacifiques. C'était exactement mon prophétisme il y a une semaine à 3h33 - l'heure du réveil habituel et non-souhaité où je commence à réfléchir à tous les problèmes complexes qui ne peuvent se resoudre lorsque je suis complètement éveillée.

Heureusement, il nous reste quelques bouteilles de ce joli crémant.

samedi, janvier 30, 2010

L'autre côté de Vancouver

La fièvre olympique s'installe chez nous et c'est une occasion de découvrir les quartiers hors le rayon dans lequel je travaille, habite et me divertis et surtout de trouver les meilleurs endroits pour boire un verre. Pourquoi pas les Jeux Olympiques de bars à vin ?

Sortant du bureau samedi soir en pensant que travailler le week-end mérite bien un verre, j'ai décidé d'aller à Salt qui se trouve à Gastown - un vieux quartier en embourgeoisement mais qui n'a pas pour autant déplacé la population la plus importante des toxicomanes au Canada.

Il faisait nuit, il pleuvait et n'ayant qu'une notion vague de l'endroit à part d'une ruelle nommé (judicieusement ?) Blood Alley, j'ai naturellement pris la première ruelle longue et obscure qui me semblait le chemin. Apparemment, il n'y a pas de panneau pour les ruelles.

Tout à coup un homme a apparu qui n'était pas le bien habillé du monde. L'adrenaline montée chez moi. Notre physiologie est fascinante, je savais en deux secondes ce que j'allais faire s'il m'a attaquée.

«Tu le perces dans les yeux avec ta parapluie et tu vas à gauche.»

Heureusement, il était trop perdu dans son paradis artificiel.

Dans la deuxième ruelle, un peu mieux éclairée mais assez isolée, j'ai trouvé le bar.

Le concept est intéressant - des fromages et des charcuteries artisanals et une selection de vins pétillants, blancs, rouges et fortifiés. L'ambiance est décontractée et chaleureuse et j'ai beaucoup aimé la nourriture. Par contre, le tempranillo que j'ai bû était mortellement sans intérêt et puisque j'avais l'adrenaline déjà montée j'aurais aimé quelque chose plus provocante.

dimanche, janvier 17, 2010

Désintoxiquer en janvier

Après avoir passé les fêtes en famille et sous la neige pour la première fois depuis sept ans, les fêtes oenologiquement festives, j'ai décidé de m'offrir une visite au spa samedi dernier. Deux heures de tranquilité et un envéloppement de boue chaude afin de me rétablir de ces 10 jours un peu trop indulgent et je serais éclatante de santé.

Une jeune japonaise m'a accueillie et m'a conduite dans un long corridor peu éclairé jusqu'à la porte de la salle de traitement, derrière laquelle se trouvait une oasis privée où la musique de relaxation jouait et le feu dansait dans la cheminée. Avec sa voix apaisante elle a expliqué qu'on commence par la préparation de la peau avant de mettre la boue. Normalement, il s'agit d'un gommage donc imaginez le choc quand elle commence à me polir avec une brosse sèche. Une brosse remarquablement mal-adaptée à cette tâche à mon avis. Heureusement, elle a rapidement fait son travail et a fini l'enlèvement de mon épiderme avant que je n'aie été en hyperventilation. Mais j'étais assez inquiète pour la suite n'ayant aucune expérience antécédente dans une chambre de torture himalayen.

Je me sentais en pleine forme après même s'il a fallu souffrir pour le rajeunissement. Ma tortionnaire m'a conseillée de boire beaucoup d'eau ce soir là pour faciliter la désintoxication. Je l'aurais bien fait mais une copine m'a appellée juste après «On est à la maison, viens manger avec nous.»

Mais la tortionnaire m'a dit de ne boire que l'eau. Le vin contient au moins 85% de l'eau - l'eau bien pure provenant des raisins. Il n'y a rien biologiquement plus sain à boire que le vin.

Alors, je n'allais pas perdre la grâce en apportant chez eux une bouteille de 2003 Château Lagrange Saint-Julien. Quel plaisir d'ouvrir et de partager ce vin soyeux et fruité (cerises et cassis). Un bon bordeaux est toujours une expérience joyeuse, surtout après avoir échappé une tortionnaire.

dimanche, novembre 29, 2009

Du chardonnay méxicain ?

Le vignoble californien s'étend vers le sud au pays plutôt connu pour sa tequila et c'est une bonne chose pour les touristes qui ne supportent pas les spiritueux provenants de l'agave.

Pendant un court séjour le week-end dernier à Los Cabos, au bout de la péninsule de Baja (Basse Californie Sud), j'ai eu l'occasion d'essayer un vin blanc méxicain. Mes papilles étaient aussi en vacances!

C'est un endroit très agréable en novembre où il ne pleut presque jamais, le ciel semble si immense, et tu restes immobile au bord de la mer de Cortès en contemplant combien de kilomètres sont entre ta chaise et l'horizon. Parfois la vue est interrompue par un voilier mais à part de cela, tu ne vois que le bleu.

Dans cette douce rêverie, ils te proposent de boire des margaritas faites avec l'alcool le plus violent du monde ? C'est offensif.

Il faisait chaud et je voulais un bon vin blanc frais donc sur un coup de tête j'ai commandé un verre de chardonnay méxicain. Plus précisement, un vin de la vallée de Guadelupe, où la plupart des vignobles existent, qui se trouve à 100 km au sud de la frontière américaine.

Le goût était surprenant, très différent que j'attendais. Pas de chêne, pas trop fruité, pas sucré et assez sec - peut-être les vignerons méxicains font des choses différement que les californiens du nord. Cela dit, il est loin d'être un chardonnay français qui demeura pour toujours la référence, mais il exprime son terroir et le saveur est unique.

Et ils ont cette mer...les chanceux.

lundi, novembre 16, 2009

L'identité nationale française

Sarkozy a dit que l'identité nationale est un débat noble et il a raison mais est-ce que la France et ses traditions sont-elles vraiment en danger de se perdre ? Pas à Beaune où la célèbre et 149ème vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune a eu lieu hier. Depuis 1859, les vignerons de Côte de Beaune vendent des 1er et des grands crus au profit de la charité - cette vente a apporté 5 million d'euros hier. J'espère que les enfants français apprennent que le don de vin, ce formidable produit qui fait partie du patrimoine français, pourrait être un cadeau de vie.

En l'honneur des Bourguignons, j'ai ouvert un 2004 Domaine Michèle et Patrice Rion Nuits-Saint-Georges 1er Cru Clos des Argillières. Je conviens qu'il n'est pas un Côte de Beaune mais le caviste m'interdit d'ouvrir presque tous mes vins de cette région-là qui ne sont pas prêts à boire. Il hésitait aussi sur cette bouteille.

Et lui dis : Tu viendras jusque là, et tu ne passeras point plus avant, et ici s'arrêtera l'élévation de tes ondes.

C'est dangereux de faire une interprétation litérale d'un texte réligieux (écoutez bien ceux qui ne respectent pas les valeurs françaises), donc, je l'ai ouvert. Il était très aromatique au nez, fruité - plutôt cerises noires avec une nuance de caramel, mais en bouche plutôt grenade et soyeux.

Pourquoi je lui demande son avis ?

samedi, novembre 07, 2009

De retour!

C'est la fin d'une époque pour moi. J'ai quitté définitivement la Californie en mai 2009 pour me repatrier au Canada. Enfin, presque, car beaucoup de mes vins collectionnés pendant mon long séjour y restent toujours (fermer à clé dans un cellier, n'ayez pas peur!). Importer une quantité de vin est assez compliqué pour ceux qui ne sont pas distribiteurs et il s'agit des tactiques particulièrement délicates avec, d'abord, le gouvernement et ensuite les douaniers. Il vaut mieux de donner peu de détails sur la provenance et la valeur de vos vins. Après 11 ans à l'étranger, on a des souvenirs imprécis de nos achats, on reçoit de vins comme cadeau et ignore le prix, on ne fait pas nos valises nous-mêmes, et cetera.

Faites les discussions avec le gentil fonctionnaire par téléphone et décidez ensemble sur un impôt juste. Il vous envoie les papiers pour le douanier qui se méfie de vous et ne croit pas le petit chiffre qui se figure sur les papiers. Quand il vous demande s'il s'agit des vins faits à la maison, ne pensez pas aux bouteilles de Domaine de Chevalier (merci Anne et Olivier!) si prudemment emballés, car le douanier vous regarde et s'il aperçoit le moindre sourire de votre visage, c'est peut-être la fin...ou pas.

Vous répondez honnêtement que vous n'êtes pas vigneron.

Quand sa collègue plus expérimenté arrive après qu'il lui pose des questions, demeurez calme. Même s'il peut ouvrir vos cartons, s'il en a envie, il ne peut rien faire à part d'accepter votre paiement. Car il n'a aucune juridiction sur l'importation des spiritueux pourvu que vous ayiez les papiers du département gouvernemental qui est la seule organisation autorisé d'importer et de distribuer les vins en Colombie-Brittanique. Elle est mieux placé qu'un douanier pour déterminer les impots sur le vin parce que c'est son métier.

Point faible ? Je dirais oui mais je sais bien qu'il y aura pleines d'occasions de payer des impots excessifs sur le vin au Canada.

Et vous, tout va bien ?

samedi, décembre 13, 2008

Arrêtons de parler de 1976 !

Après dix ans en californie où je n'ai jamais aimé son vin, c'était à contrecoeur que j'ai accepté d'aller passer un week-end à Napa. Pleine d'apprehension et craignant de perdre deux précieux jours libres buvant du vin médiocre, j'ai imposé des conditions - pas de dégustation le premier jour (les spas existent aussi !) et le droit de véto en ce qui concerne les vignobles. Pas très démocratique mais la démocratie est surfaite quand vos amis boivent n'importe quoi. (En fait, on était là pour fêter mon anniversaire donc le groupe avait déjà abdiquer en ma faveur... Je suis plus bienveillante que vous imaginez).

Ce qui est le plus remarquable à Napa, c'est combin ils tiennent à l'histoire du Jugement de Paris. Aux États-Unis, la moindre victoire suffit de leur convaincre qu'ils sont numéro 1...pour toujours. Il faut dire que les gens sont modestes à Château Montelena. C'était chez un autre vigneron, où les jeunes plus vantards travaillent qui ont essayé de me parler de la superiorité du vin californien, lorsque j'ai décidé de jouer un peu avec eux.

- Le jugement de Paris a eu lieu en 1976, n'est-ce pas ? je leur ai demandé.
- Oui.
- On est 2008, n'est-ce pas ? il fallait établir leur niveau de connaissance des dates.
- Oui.
- Alors, qu'est-ce que vous avez fait depuis 1976 pour nous impressioner ?

Silence.

- On va goûter le 1973 ? j'ai souri afin de les rassurer, Sinon, je ne vois pas pourquoi on continue de parler d'un époque où vous n'étiez même pas nés.

Ils ont éclaté de rire et m'ont offert le 2006 qui n'était pas mal du tout.

samedi, octobre 25, 2008

Un verre hors d'atteinte

Il y a trois semaines, je me suis trouvée à Dubai, dans le bar d'un hôtel en compagnie de deux collègues masculins à 01h00. Après 26 heures de voyage comprenant une escale à Londres, 14 heures de travail qui a commencé trois heures après mon arrivée aux Emirats, et si fatiguée que je n'étais plus fatiguée, je voulais bien un verre.

Mes collègues, arrivant au bar avant moi, buvaient déjà de la bière. Assise sur un canapé en velours, reconnaissante de la climatisation et l'ambiance sereine, je me sentais complètement dans mon élément. La serveuse est arrivée avec un menu et j'ai rapidement remarqué qu'il n'y pas une seule boisson alcoolisée sur la liste.

- Quel pays exotique ! le sarcasme sort un peu trop vite.
- Il faut juste demander un verrre, m'ont dit mes collègues. Ils servent de l'alcool mais il n'est pas sur le menu.

- Un kir royale, s'il vous plait.

La serveuse me regardait d'un air perplexe donc je lui ai expliqué comment transformer du champagne en kir royale. Elle écoutait et puis la gravité de ma demande a pénétré son cerveau, la lobe où se réside Allah.

- L'alcool ? a-t-elle répondu dans une voix douce et un peu anxieuse, ses yeux cherchaient une autre réponse. Je me demandais si son père était au courant de son choix de métier.

- Si vous en avez, oui.

Elle est partie et je l'ai vue parlant au barman, une jeune femme elle-même, et après une discussion qui a duré dix minutes, elle est revenue avec deux bières pour mes collègues et rien pour moi.

Est-ce que je me suis trompée de l'avion à Heathrow ? Je craignais un instant d'être à Riyadh. Non, j'aurais été déjà en prison.

Mon collègue arabe a compris que le délire allait bientôt m'arriver si j'étais privé de ce verre donc il a intervenu.

- EMIRA ! a-t-il hurlé à la serveuse.

Cette fois c'était moi qui a été choquée, ne sachant pas que Emira était bien son prénom, pensant qu'il l'avait appelé n'importe quel prénom féminin pour qu'elle réponde, et que son ton était trop dur. Mais en voyant mon regard horrifiée elle a attrapé le fou rire et lui aussi. Et moi après eux.

Il lui a parlé en arabe, elle est partie et est revenue quelques minutes plus tard avec mon kir royale parfaitement fait, en me jettant le mauvais oeil. Je vais brûler en enfer mais ce kir royale était le meilleur que j'ai jamais bu. Elles aurait dû ouvrir une bonne bouteille de la cave.

Le prix de ce petit plaisir - $40. Mais quand on sert le Diable, on ne compte pas.